CL : Vous êtes plasticien et sculpteur. Comment êtes-vous venu à créer une uvre « théâtrale » pour le TCI, Al Harma ?
Jai été sollicité dans un premier temps, mais javoue quau départ je nétais pas très à laise avec l’idée de faire un projet scénique. Je ne suis pas familier avec le monde du théâtre et de la scène, et je nai pas eu que de bonnes expériences étant jeune. Toutefois, jai changé davis et je me suis dit que cétait loccasion pour moi de découvrir un autre domaine que le mien.
Jai choisi de me diriger vers la musique, plus que vers la mise en scène théâtrale. Jai présenté mon projet qui a été retenu par la Fondation d’Entreprise Hermès. Après cela, jai exploré le Théâtre de la Cité internationale, comme un néophyte que je suis. Je navais pas mis les pieds dans un théâtre depuis au moins 40 ans !
Que vous apporte cette nouvelle dimension artistique ?
Dans le monde des expositions et des galeries, il y a souvent plusieurs uvres à présenter en même temps. On entre dans lexposition, qui est souvent elle-même une oeuvre… tandis que dans le théâtre il y a dimension frontale entre luvre et le public. Dans une galerie, un visiteur va en moyenne regarder une uvre pendant deux secondes
Dans un théâtre, il va passer une heure devant luvre!
En quoi consiste votre projet artistique pour Al Hamra ? Que vont voir les spectateurs ?
Luvre est conçue autour dune sculpture de 4 mètres de diamètre suspendue sous la coupole, et au dessus du musicien. Le public va explorer le théâtre comme je lai fais, et entrer par la scène. Il sera installé sur la scène et le spectacle, très proche dun concert, sera joué dans la salle. Le public verra le théâtre, ses volumes
comme sil était à la place des comédiens. Il se dégage de tout cela une magie presque comme dans une église
en moins catholique.
CL : Expliquez-nous le choix de la musique et votre travail avec Justin Godfrey…
Je devais trouver un artiste issu de la scène. Je me suis naturellement orienté vers la musique, en me laissant porter par les instruments, plus que par les mélodies. Jécoute des musiques arabo andalouse en particulier. Je suis allé sur Youtube pour trouver un artiste qui me corresponde, et après un ou deux mois de recherche jai trouvé Justin Godfrey, qui est tout jeune puisquil na que 21 ans. Pour lui, ce spectacle sera une toute nouvelle expérience.
CL : Votre spectacle garde-t-il un côté narratif ?
Que lon articule des couleurs, des objets ou toute autre chose, on raconte toujours une histoire. Il y a un aspect narratif dans ce spectacle que je revendique totalement. Cest une uvre plastique, plus une fleur baignée de lumière quune étoile dailleurs, et une mise en musique à la manière dun concert, sans mise en scène supplémentaire. Le public va découvrir le théâtre, ses boyaux, ses méandres, ses volumes
Il mest déjà arrivé dêtre impressionné par les théâtres, et je voulais toujours connaître les coulisses et la manière dont tout cela est fait. Je veux aussi partager cela.
Vous qui étiez allergique au Théâtre, avez-vous changé davis en faisant ce projet?
Oui, je veux recommencer cette expérience, et poursuivre le projet. Le théâtre apporte plus pour une oeuvre plastique quune simple exposition, qui peut parfois paraître trop réductrice. Parfois même sclérosée. Al Hamra nest pas une uvre éphémère, puisquil y a la sculpture et la musique composée pour le projet. Je voudrais reconduire Al Harma et jespère que cest un projet qui va voyager
et pas quen France. Je souhaite explorer cette démarche et aller encore plus loin dans ce travail.
Informations pratiques :
Al Hamra, au Théâtre de la Cité internationale de Paris du 3 au 7 novembre 2014, dans le cadre du festival New Settings.